chapitre 2
Elle plaisantait ; elle peut jurer, sans pécher, qu’elle plaisantait, parce que vraiment sans mentir elle plaisantait !! C’était pour rire ! Un appel à propos d’un vêtement trop grand qu’elle n’a aucune idée de comment porter, ou comment bricoler pour qu’il lui aille, et pour une raison très évidente (leur, effectivement, longue conversation de messages et photos d’outfit of the day ou d’habits vraiment jolis ou (bien sûr) de ses chats) Émile est devenu la personne vers qui elle se tourne avec ce genre de questions, ou des habits à prêter. Mais, comme pour la conversation de messages, les appels ont tendance à durer au fur et à mesure qu’ils augmentent ; et elle a commencé à râler qu’elle devait prévoir une tenue de rechange au cas où, bien qu’elle espérait le temps bon ce soir, et qu’elle n’avait pas le parfait gilet pour aller avec la robe qu’elle avait acheté en même temps que la chemise chats (elle a dû se retenir de dire sa robe, en parlant de lui plutôt que d’elle), et puis elle hésitait à ne pas en mettre une autre de robe parce que quel diable elle est vraiment, enfin, elle dit quelque chose et Selin étant l’éternelle célibataire de son groupe d’amies elle allait dire qu’elle cherchait à attirer le regard, de préférence d’un homme, de préférence célibataire lui aussi ; alors que pas du tout, elle souhaitait juste profiter d’un moment avec les gens qu’elle aime, et qui s’aiment, et ce serait plus simple si Ali était là mais il n’est pas là ce soir (il travaille), ou ce serait plus simple si elle avait effectivement un homme pour l’épauler (non qu’elle en veuille un) et tiens pourquoi ça n’existe pas une application de faux petit-ami pour un seul jour et comment ça elle regarde trop Netflix et quoi ce serait drôle qu’ils prétendent ??! sortir ensemble ?!

Selin, comme Émile, aura été en retard au travail — et des questions plein la tête. Elle plaisantait. Elle y a pensé toute la matinée, à lui, et à ce soir, et à leur conversation de ce matin, et à ses amies, mais elle plaisantait. Une plaisanterie qui lui aura collé quelques chaleurs, ses joues roses auront été moquée par l’une des habitantes régulières de l’Académie et valu petites boutades rapidement rendues. Le sérieux lui a repris lorsqu’elle est arrivée à l’Échappée Belle, où l’humeur n’est jamais trop à la plaisanterie. La fin de l’après-midi aura été longue, morne, alors que la conversation avec ses amies s’agitait des premières arrivées. Une course en tram plus tard et c’est à son tour de rejoindre le parc de l’Orangerie, de retrouver Haziran et son sourire éclatant de future mariée, de faire quelques tours sur elle-même sous les sifflements de Melo et oh non ! C’est Marley qui lâche la vilaine remarque sur sa robe et qui retrouve-t-elle après elles ce soir pour être si apprêtée ?! Un mouvement de cheveux et d’autres enfantillages des copines pour se mettre dans le bain, la conversation a déjà changé, le pique nique est installé et elles prennent place pour quelques convivialités qui lui font un bien fou au cœur. Il se trouve qu’elle est assise à côté de Marley, puisque deux autres se sont rapprochées pour regarder quelques recommandations de destination de lunes de miel — Melo y est allée, alors Selin n’est pas exactement invitée à la conversation ou capable de donner un quelconque avis. (Surtout, qu’en plus, elle dira toujours que rien ne vaut Izmir…)

La brune doit s’y reprendre en deux fois, lorsqu’elle voit un bout de vêtement jaune qui accroche son œil et attire son attention ; elle a un temps d’arrêt, ensuite, lorsqu’elle reconnaît Émile — et hésite franchement une seconde de savoir si elle ne l’hallucine pas parce qu’elle a envie de voir. Attendez, elle a envie de le voir ?! ‘Et est-ce que te tenir la main, c’est okay ?’ Pour rire !! Marley et Melo relèvent le museau pile à temps pour voir le garçon agiter la main en leur direction, et maintenant ça fait bien trop longtemps qu’elle le fixe pour prétendre qu’il se trompe de groupe et qu’il n’a reconnu personne… Son prénom est interrogé, alors que son regard ne quitte pas le camarade co-propriétaire de la chemise chats. C’est pour rire qu’elle se redresse, en faisant attention à ne rien montrer d’un peu compromettant avec son vêtement léger mais tout de même assez rapidement, avant de trottiner pieds nus dans l’herbe jusqu’à l’invité surprise de la soirée. « Émile ! » Elle plaisantait !! Promis, elle plaisantait ! Il y a quand même une chaleur dans sa poitrine alors qu’ils arrivent à la même hauteur, et son palpitant qui s’emballe terriblement, et un affreux sourire sur ses lèvres. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Y’a aucun reproche dans sa voix, elle est seulement (véritablement) surprise, et elle ne sait pas comment le saluer non plus ; elle aurait envie de l’étreinte, juste parce qu’elle est contente de le voir, mais ils ne l’ont jamais vraiment fait et elle se sait (surtout) observée de quelques paires d’yeux derrière.

« Mais je plaisantais ! » Selin s’exclame, dans un demi-cri (il ne faudrait pas que quelqu’un d’autre qu’Émile ne l’entende), dans un demi-rire surtout (que, quoi ??! n’est-il pas fou ??). Elle le laisse poser son vélo sans l’assister puisque la question pour savoir s’il a besoin d’aide lui vient trop tard. Puis il se rapproche, encore, et ils se r a p p r o c h e n t — et sans doute qu’ils ont déjà été proches, mais il y avait moins d’intention, et elle a surtout fait l’effort de ne pas trop y prêter attention. Là, elle n’y échappe pas, tandis que des premières joues se rencontrent dans une lenteur douloureuse, et qu’elle peut sentir la chaleur du garçon contre elle et l’odeur de son parfum et imagine-t-elle la douceur de sa peau ?!, elle pense à fermer les yeux lorsque leurs visages se croisent et que les autres joues se rencontrent aussi. Sa main se pose autour du coude d’Émile, elle l’attrape inconsciemment ; comme pour le garder près d’elle, ou parce qu’elle sent qu’il y a plus de détails à discuter.

La proximité est vraiment, un peu, trop intense et Selin sent ses joues rougir ; elle n’ose pas relever le regard, pas encore, pas alors qu’il est si proche. Le souffle se répercute contre son oreille, elle n’arrivera pas à se convaincre que c’est le vent, elle a les sourcils un peu froncés lorsqu’elle relève la tête pour croiser le regard brun de l’homme caché derrière les lunettes en forme de cœurs. Disons qu’elle ne pense pas à ce genre de choses lorsqu’on lui parle de ‘safe word’, dans l’immédiat. Et qu’elle n’a aucune idée de quoi trouver, ou peut-être… Pas envie qu’il décampe.

Elle se demande quel genre d’audace c’est, de lui chuchoter de telles immondices avec un si beau sourire et devant ses copines — et prend une grande inspiration car il a suffit des quelques fois où ils se sont vus pour qu’elle en vienne à la conclusion qu’il s’agit seulement d’Émile.

« Astrologue. » Elle finit par souffler, sans vraiment réfléchir (alors qu’il va falloir faire une phrase avec ?) « Mais tu pars quand tu veux, tu sais ? Tu n’es pas obligé d’être là, on peut juste te présenter ou… Même pas… Enfin… » Elle est un peu embarrassée ; même si elle entend la voix de Melo les appeler, derrière, et un regard en arrière lui apprend que Marley est debout. Elle grimace, se retourne vers son comparse — son sauveur ? Le geste a été entamé par son premier mouvement, sa main glisse du coude vers l'avant-bras, au poignet... « Mais si tu n’as pas peur de te faire grignoter par des harpies… » Jusqu'à atterrir sous celle d'Émile, sans qu'elle ne la saisisse encore, lui laisse seulement sa paume contre la sienne dans une invitation silencieuse.

C’est très okay s’ils se tiennent la main.

Il y a la manière dont il a l’air si sûr lorsqu’il dit qu’il sait, il y a que ce n’est finalement pas à débattre et c’est bien évidemment le soleil de la fin de soirée qui tape soudainement un peu plus fort qui la faire rougir intensément. L’instant reste suspendu, à l’invitation qu’elle lance, à la main qu’elle n’ose pas prendre alors qu’elle laisse la sienne grande ouverte ; il y a le souffle qui lui manque alors qu’Émile s’en saisit, entremêle leurs doigts, avec ce fichu air de savoir ce qu’il fait, à être si calme et si souriant… Elle ne peut s’empêcher de sourire, elle aussi, elle doit sembler peut-être un peu nerveuse mais bon sang s’il savait à quel point c’est pire à l’intérieur ?!, que c’est si stupide d’être dans un tel état parce qu’un garçon lui tient la main, et en même temps ce n’est pas n’importe lequel garçon, et…

Et ça s’impatiente, derrière, alors c’est avec un bref coup de tête positif qu’elle se décide à rompre les seulement quelques secondes qu’ils ont eu tous les deux, avant de se tourner vers ses ;

Vautours.

Ses amies sont entre la surprise et le choc, toute dans l’attente du dernier commérage — bon sang Marley, reste assise, on arrive… Selin se mord l’intérieur d’une joue lorsqu’Émile s’excuse, seulement pour ne pas se mettre à rire, parce que la mascarade est si ridicule qu’elle en est drôle. Mais il ne se présente pas, vraiment, et c’est à elle de prendre une grande inspiration…

Ca n’marchera pas.

« J’ai invité Émile, j’espère que ça ne vous dérange pas, nous… » Comment on dit, comment on dit ?? Déjà ? « Sortons ensemble ?… » Pourquoi elle demande ? « C’est mon copain. » Elle va s’étouffer, non mais voilà copain c’est bien, elle pourra corriger plus tard au besoin, ça reste assez ambigu et— “TU AS UN PETIT-AMI ?!” Et peut-être pas, sur l’ambiguïté ; elle écarquille les yeux, zut c’était bien pour ça qu’elle plaisantait ce matin ! « J’ai un… ? » Alors, non, Selin a deux chats, un frigo, un abonnement à un service de streaming ainsi qu’un très très bon forfait téléphonique et internet pour papoter sa famille et ses amis pour combler les quelques vides affectifs de sa vie ; mais, aux dernières nouvelles, elle n’a pas de petit-ami. “C’est pas vrai !!” Que fait Marley, on se postant finalement à leur hauteur. Donc qu’un homme, (inconnu et/ou autre qu’Ali, s’entend) se tienne à ses côtés, lui tienne littéralement la main, ne suffit pas à convaincre ses amies de ses amours ? Franchement, c’est beau l’amitié. Les joues se gonflent, une seconde, sur faux son air courroucé — quoi qu’elle est un peu vexée. « Bah si. » Voilà. Bah si. Émile est son petit-ami. Enfin !! Pour rire ! Bien sûr pour rire, pas pour de vrai, ne soyons pas fous ! Mais pour ce soir, juste pour ce soir, et pour avoir la paix avec ses copines, et qu’on ne veuille pas lui faire rencontrer Pierre ou Paul ou Jacques avant le mariage… « Je vous présente Émile, mon petit-ami, voilà. »

Selin n’a pas l’habitude des présentations (pour une bonne raison) et à bien y réfléchir elle ne se souvient pas d’avoir déjà présenté une quelconque fréquentation à autant de copines d’un coup (idem). Ses amies sont indiscrètes, bruyantes, un poil dramatiques ; ses amies savent, ses amies discutent avec leurs mères qui souvent discutent aussi avec la sienne : son célibat est une affaire d’état, bien plus inquiétant que les Disparitions, les Salvateurs... Alors bien sûr que ça surprend tout le monde, elle la première, qu’elle (apparemment) ramène un garçon et que ce garçon lui tienne la main. Dans la pratique, c’est Émile (ça devrait suffire comme postulat : c’est Émile) qui a débarqué, sans prévenir quoi qu’elle aurait pu s’en douter car mauvaise idée ou fausse plaisanterie a l’air de rimer avec action chez le garçon — est-ce parce qu’il ne cesse de la surprendre, qu’il est affreusement gentil poli courtois, que sa voix est douce et que son sourire lui fait ressentir quelques trucs (elle le niera).

Elle déteste l’aisance qu’il a à compléter ses phrases (non), elle déteste la facilité des gestes qu’ils exercent pourtant pour la première fois (non plus). Ça devrait être robotique, ça devrait imiter de vagues expériences, ça devrait être plus bizarre que ça ne l’est. Elle se laisse tirer, à lui, contre lui, un sourire un peu embêté sur les lèvres ; elle préfère le regarder lui plutôt que ses affreuses amies et elle doit sans doute oublier comment (vraiment) respirer, elle baisse encore le regard quand on embrasse presque imperceptiblement son crâne (y’en a une qui crie) (elle aimerait exagérer) (et/ou crier elle aussi). Elle a vraiment chaud, sur le coup, et ça n’a aucun rapport avec la chaleur de l’été – une bonne chose que sa robe offre tant d’aérations, donc.

Marley s’impose entre eux pour rassurer Émile qu’il ne dérange pas du tout, attrape un bras puis l’autre. D’autres se lèvent alors qu’on les invite (force) à s’asseoir, qu’on écarte un peu le cercle pour l’agrandir, qu’on propose une chaise pliante en tissu au nouvel arrivé. Il y a un certain soulagement à ce qu’on les sépare – se tenir la main c’est okay en théorie, en pratique on n’a pas anticipé la tachycardie qui pourrait se joindre au geste s’il est pratiqué trop longtemps. Ça piaille déjà de toute part, Haziran demande Émile comment et Melo où est-ce qu’il a trouvé ses fraises et Marley depuis quand ils sont ensemble Selin on savait pas que t’avais un petit-ami depuis quand tu as un petit-ami pourquoi tu ne nous dis rien – un véritable capharnaüm, qui pourrait filer des migraines à plus d’un ; la brune lève un doigt, en l’air, et est assez au centre de l’attention pour que ça suffise à faire taire le poulailler. « Vous avez le droit à… » Elle fait mine de réfléchir, échange un regard avec Émile comme s’ils en avaient déjà discuté ou qu’il avait une réponse à sa réflexion. « Trois questions. Pas une de plus. Après, on change de sujet. » Et paf, ça repiaille, ça râle, qu’c’est pas juste, qu’pour une fois !!!, et ”Attends on fait un conseil de guerre.”. L’élémentaire se laisse prendre par une certaine allégresse, rit de bon cœur, sourit toujours – ses amies sont toujours ses amies, Émile n’est qu’un élément en plus au groupe (Émile est-il son ami?!). La conversation semble se faire de manière muette ; elle en profite pour le regarder, apprécier les iris brunes qui la regardent aussi par-dessus les cœurs roses transparents, profiter du sourire, observer la chemise dont elle jurerait la customisation manuelle et froncer les sourcils avant de secouer la tête.

Elle déteste aussi comment, instinctivement, elle se penche vers lui pour que leurs épaules se cognent (encore : non).

« Comment vous vous êtes rencontrés ? » Les messes pas si basses sont arrivées à conclusions mais, diantre !, eux n’ont pas eu le temps de préparer les questions ! c’est un piège ! L’histoire est rigolote – surtout si elle l’exagère ; ça change de Tinder et compagnie dont elle entend beaucoup (trop) parler. « Émile m’a volé une chemise chats, dans une friperie. » Y’avait une sombre affaire ça, non ? Elle pourrait élaborer, ils pourraient se compléter, se contredire (comme un couple), échanger un autre regard – et elle ferait semblant de bouder, un peu ; mais y’en a une pour la ramener. « Ah bah d’accord c’est toi le mec à la chemise chats, j’étais sûre ! » Ce qui implique 1) que c’est une évidence, Selin ne rencontre pas tant d’hommes que ça (elle ?? pourrait !) (sauf que la moitié de ses nouvelles rencontres sont des adolescents et l’autre des gens de qui elle participe à traumatiser), 2) qu’elle a déjà parlé de lui à ses copines (et bien sûr qu’elle a parlé de lui, pour une fois qu’il lui arrive quelque chose de fun !) mais du coup 3) elle ne voulait peut-être pas que son petit-ami (pour rire!) l’apprenne et 4) mais enfin Selin cette histoire est toute fraîche ? « Uh-uh, oui voilà. » Elle chasse l’air d’une main. Qu’on ne fasse pas de rapprochement de temporalité, hein, merci bien. Elle se tourne vers Émile, hausse une épaule – elle aimerait insérer là une boutade, faire une petite remarque pour détendre l’ambiance, se défendre, mais son cerveau n’a pas l’air véritablement apte à réfléchir et à trouver quoi que ce soit.

C’est Émile.

Il y a des sourcils qui se haussent et un air étonné est exagéré, qu’on mente de façon honteuse devant cette assemblée crédule !, car l’honnêteté de la négociation aurait été qu’il lui laisse cette fichue chemise voyons ! — et la mise en scène se met en place tout aussi naturellement, avec les joues de Selin qui prennent encore quelques couleurs alors qu’elle peut entendre une part de vérité dans les propos du petit-ami improvisé. Cela lui semblait la meilleure stratégie, de partir du réel, qu’elle n’est pas la plus excellente des menteuses. Mais il y a ce qu’il se dit et ce qu’ils essaient de vendre, il y a que leur relation (amicale) est bien fraîche et qu’en présence de ses amies elle pourrait vouloir croire aux bêtises qu’ils racontent.

Elle sourit pourtant toujours, glousse des pitreries d’Émile. « Mais Selin mais tu as d’autres atouts charme que tes chats, ce n’est pas possible ! » Commente Haziran, ne gagnant qu’un feulement en réponse. Oui, enfin elle espère que oui, et alors ? Elle n’était, n’est pas supposée, euh ne veut ? pas ?, séduire l’homme assit à ses côtés : elle n’a donc fait aucun effort ! Naturellement !

La deuxième question est bien redondante, et elle a presque envie de râler qu’Émile les corrige – ç’aurait fait une de moins à répondre… Ses amies repartent en piaillements (elle n’aime pas beaucoup les idées d’Haziran…) et elle a le temps de jeter un rapide coup d’œil à son téléphone, et de lever un pouce en souriant en direction de son complice. Elle profite aussi de la discorde pour attraper et lui faire passer les quelques plateaux remplis de nourriture qu’ils ont ramené. « Elles sont terribles… » Qu’elle souffle, pour eux deux – la phrase ne se termine pas, mais c’est entre le « désolée » et « je t’avais bien prévenu ».

Marley tape dans ses mains, récupérant l’attention de tout le monde. Son sourire ne dit rien qui ne vaille.

« Quelle est la chose que vous aimez le plus chez l’autre ?
- Mais !
- Mais ?
- Mais vous êtes affreuses, on se croirait dans une mauvaise émission de télé-réalité ! 
- Y’a rien que tu aimes chez lui, peut-être ? »

Selin a l’habitude d’adorer la répartie de son amie. Là, pour le coup, elle a envie de lui faire manger de l’herbe. (Ça tombe bien…) « Je n’ai pas dit ça. » Qu’elle finit par soupirer, pourtant ferme sur sa réponse, alors que certaines se mettent à rire. Il n’y a pas grand-chose à ne pas aimer chez Émile (pour l’instant), il est charmant et drôle et pas très courtois mais les premiers points rattrapent le dernier, elle aime discuter avec lui, il est doux dans beaucoup de sens du terme, et esthétiquement très plaisant à regarder. L’élémentaire pourrait être vénale et se contenter de ça, comme réponse. Car, concrètement, si on lui demandait ce qu’elle aime le plus chez son ami Émile, elle répondrait sa garde robe. Mais ce n’est pas la question. « Il, » l’air est plus bougon qu’il ne le devrait, elle fait bien attention à ne pas croiser le regard du principal intéressé dans un premier temps, « arrive à supporter ma tendance à trop parler dès le matin. » Elle se tourne vers lui – c’était quoi le mot, déjà ? Astronaute, astrologie… ?! « Je ne sais pas si tu es trop gentil ou affreusement patient, mais… » La brune hausse une épaule avant d’attraper sa gourde d’eau ; ils ont beau être à l’ombre il commence à faire chaud. Ça va qu’il ne reste qu’une question, après ça.