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(tw) Un vieux qui râle, une cycliste de l'extrême et les meilleurs enquêteurs de Strasbourg
Franz Heisenberg
Franz Heisenberg

sans allégeance

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Ven 5 Aoû - 20:57

cw ; agression, sang.

Août 2022 Milieu de la nuit, l'Échappée Belle

Franz a tendance à ne pas dormir. C’est une mauvaise habitude, issue d’encore d’autres mauvaises habitudes. Une vieille chose, quelque chose qui ne devrait plus être pertinente, un vague souvenir de comment il s’endormait avant. Des verres qui l’endormaient, le berçaient et l’accompagnaient et qui, le soir encore, font entendre leur douce musique. Ce n’est plus le concert effroyable des premières années, l’appel incessant, la tentation qui lui dévore le ventre jusqu’à ce qu’il parvienne à se tromper par autre chose. Non, maintenant c’est la tendre berceuse qui veut l’accueillir en son sein, la douce mélancolie qui le prend, les ongles qui tapent contre le verre pour le faire tinter, le mouvement circulaire qui fait chanter les glaçons les uns contre les autres.
L’été, c’est facile d’accuser la chaleur pour ses insomnies.
L’hiver, il y a toujours les médicaments, le stress, la douleur qui se réveille la nuit…
Franz a toujours été doué pour dissimuler la vérité. Avant sur ce qu’il faisait, maintenant sur ce qu’il ne fait plus.

Il est donc parfaitement éveillé, bien que la lumière éteinte, quand il les entend approcher. Ils sont courants, les gars bourrés qui passent dans la rue en bas de la boutique et, avec la chaleur et la fenêtre entrouverte, le bruit monte encore plus vite aux oreilles de Franz. Il les déteste toujours un peu, ces gens-là qui s’épanchent dans la rue, qui font du bruit et qu’il sait pourquoi. Franz se targue d’être devenu un homme calme, raisonné, presque pacifique. Il y a cependant des jours où la vieille habitude, celle de la colère et de la frustration qu’on crache à la figure des autres, remonte. Remonte du ventre jusqu’à la gorge, surtout quand il entend les ahuris :
Hé mais ça c’est le truc du voleur non ? Mais si, si c’est là !
Franz ne fait alors que soupirer. La lassitude plus que la colère l’occupe, il se masse la tempe pour chasser son mal de crâne, hésite à reprendre un cachet pour espérer que la diminution de la douleur amène la détente, le calme…
Il n’écoute pas les éclats de voix en contrebas jusqu’à ce que l’un demande si un autre n’a pas les bombes.
Franz se dresse, effrayé d’exploser ce soir.
Puis il y a le bruit caractéristique, celui des bombes à encre. Le calme revient. Repart tout aussi vite quand il comprend, se souvient d’à quoi elles servent. On va tagguer sa boutique.
Encore.
Non, ce n’est pas la première fois mais les premières fois, Franz a eu le plaisir du martyr blessé, du coupable qu’on poursuit, de la punition qui s’abat sur son dos courbé. Les premières fois, il a pu se rouler dans son malheur, se répéter qu’il le méritait, lire encore et encore les mots qui le qualifiaient et qui avaient raison alors… pourquoi les retenir ?
Maintenant Franz en a marre de laver la vitre, en a ras le cul de changer la porte, il voudrait juste qu’on lui foute la paix.
Là tout de suite maintenant il y a ce vieux Franz qui en a marre de se retenir et qui fonce vers la fenêtre pour l’ouvrir plus grand et gueuler de sa voix qu’il exerce moins qu’avant :
Qu’est-ce que vous foutez là ?! Dégagez ou j’appelle la police !
Vu ce qu’il a à l’étage, aucune chance qu’il appelle la police mais ça fait du bien de gueuler comme s’il y croyait.
Waaaah y a le vieux ! Attention, attention, il va appeler la police, rigole un des gars en bas.
Des insultes fleuries que Franz n’a plus proféré depuis un bail passent ses lèvres. On les lui rend. Ça résonne dans la rue endormie jusqu’à ce qu’on lance une bouteille en verre vers sa fenêtre.
Il l’évite. Elle explose contre un meuble non loin, il ne comprend pas ce qui arrive quand il sent une douleur lui traverser le front, encore moins quand un rideau rouge vient alourdir son œil droit.
D’un bras hésitant il rabat les battants de la fenêtre alors, qu’en bas, y a d’autres cris, d’autres fenêtres. Ils finiront par fuir, la queue entre les jambes mais Franz, lui, n’entend pas grand-chose alors qu’il titube jusqu’à son fauteuil, la main pressée contre son front, à essayer de retenir le sang de couler. D’une autre main (rouge) il cherche son téléphone.
Qui appeler ?
Il pense à sa femme. Non. Il pense bizarrement à Klaus. Toujours aussi absurde. Hors de question d’emmerder Lakshan. Il y a Selin, bien sûr, la plus logique.
Il se sent plus faible à l’idée qu’elle voie encore une fois l’état de son appartement, son état à lui, de voir son visage inquiet. Il n’a pas envie de l’inquiéter. Ça va aller. Inutile de l’embêter avec ça, il peut plutôt se relever, s’appuyer au mur en y laissant une trace rouge, atteindre la boîte dans la cuisine, appliquer un pansement maladroit sur son front après avoir désinfecté. Il est pas sénile non plus. Il peut s’occuper de lui-même.
Tout va bien.
Sauf qu’à un moment il sent quand même que ça tourne un peu, juste un peu, alors il s’accroupit doucement, se pose par terre, le dos contre le mur, ses articulations grincent un peu mais sinon tout va bien. Tout va bien.
Quand il rouvre les yeux, il n’est pas sûr de combien de temps s’est passé et, devant lui, il y a les yeux inquiets qu’il ne voulait surtout pas affronter.
Une voix rauque héberge de sa bouche pâteuse :
Et merde…
Selin Deniz
Selin Deniz

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Ven 5 Aoû - 21:50

tw: sang, soin d'une blessure

interlude 1: on a agressé mon petit vieux

Selin n’a pas tant l’habitude de mettre son téléphone en silencieux complet lorsqu’elle dort, par principe. Que l’Académie l’appelle pour une urgence (ça n’est pas arrivé depuis des années), que l’un des Sauvés ait besoin de discuter ou de la voir, ou qu’un membre de sa famille oublie le léger décalage horaire et l’appelle tard ou tôt (selon point de vue)… Elle préfère pouvoir répondre, quitte à raccrocher au besoin. Son sommeil est en conséquence relativement léger, lorsqu’elle n’a pas abusé de son potentia en journée, pour surveiller les possibles appels et les bruits étranges que peut faire Démon en concoctant ses dernières bêtises. Ajouté à ça la chaleur étouffante de l’été, le cocktail n’est pas bien glorieux concernant la qualité de son repos.

Toutefois, pour une fois, elle dormait bien quand le téléphone a vibré. Réveil confondu la première fois, elle n’arrive à décrocher qu’au deuxième appel insistant. Le numéro n’est pas reconnu, encore moins enregistré, l’adrénaline de la surprise la fait se relever rapidement et la voix agacée-inquiète-désolée de l’autre côté termine de la réveiller complètement. Un incident près de la boutique, une rue de réveillée, un Franz dont on n’entend plus rien malgré qu’on sonne à sa porte depuis l’altercation. La police est déjà en chemin, une ambulance peut-être, elle aussi qu’elle a rapidement repoussé sa couverture (et dérangée une Princesse tranquillement posée là) pour sortir de son lit. La brune pense de justesse à enfiler un short en jean plutôt que le définitivement trop léger qu’elle utilise pour dormir, enfile la chemise de la veille par-dessus son débardeur, attrape son sac et récupère les clés de la boutique et de l’appartement de son patron dans le premier tiroir de son meuble à bordel avant de foncer.

L’heure est bien trop tardive pour espérer un quelconque transport en commun, c’est donc à toute vitesse sur son vélo qu’elle défile dans les rues désertes de Strasbourg. Elle peut au moins se permettre de griller quelques feux rouges, et n’avoir aucune honte à manquer de se casser la figure d’un mauvais freinage ou d’un trottoir pris trop brusquement pour faire un raccourci exactement quatre fois. La rue du Maire Kuss est bien agitée vue l’heure, entre les habitants mécontents qui en profitent pour raviver de vielles tensions, les deux voitures de police (mais aucune ambulance?!)… Le vélo est balancé un peu vivement contre les vitres nouvellement décorées de L’Échappée Belle.

Selin ne prend pas le temps de soupirer, la panique des vingt minutes intenses de trajet ne s’amenuise pas face au réel de la situation. Elle est obligée de jouer un peu des coudes et c’est parce que les voisins la reconnaissent qu’on la laisse passer, qu’on lui laisse ouvrir les portes jusqu’à retrouver un Franz inconscient et ;

Et elle aurait envie de les chasser, ces incompétents nombreux et ces trop curieux, mais elle demande juste un peu d’espace et annonce qu’elle est infirmière pour qu’on la laisse faire. Elle ne précise pas qu’elle n’est pas allée jusqu’au bout de ses études, ni qu’elle triche largement avec son potentia. On l'empêche de pousser les éclats de verre et elle doit faire entre, l’un des policiers reste à ses côtés pour surveiller et assiste à tendre quelques compresses lorsque nécessaire.

Selin fredonne et se calme, au passage, Selin profite de l’endormissement temporaire pour chanter une chanson populaire dont elle connaît le peu d’amour de sa victime pour chasser la douleur alors qu'elle passe à plusieurs reprises sur la plaie pour la soigner.

La brune remarque de nouveaux gyrophares, pour éclairer la pièce, pense que l’ambulance est arrivée un peu tard mais ne s’en préoccupe pas plus qu’un Franz presque guérit (elle exagère) reprend ses esprits. Elle ne sourit pas, ne commente pas, pour l’instant ; elle termine le pansement rapide fait avec le peu de disponible dans la trousse de premiers soins et à la lumière de la nuit et d’un réveil brusque, tamponne doucement des empreintes les quelques bouts de scotch pour s’assurer que tout tienne.

Ou qu’au moins, ça, tienne.

« Voilà… Ça va ? » Le front, la tête, le cœur ; ça va ? Les mots grossiers sur la devanture de l’agence de voyage n’avaient pas tant rapport avec le commerce, (ou l’autre commerce) ; et Selin n’est pas naïve quant au passé de son patron. Mais elle n’a pas réussi à lui en tenir rigueur très longtemps et a passé l’éponge d’une affaire qui ne la concerne pas, s’inquiète aujourd’hui de son ami. C’est bien cette angoisse, en plus de l'incident et de la blessure qui ravive quelques souvenirs qu’elle arrive encore à garder lointain, qui l’empêche de s’inquiéter du cadre et de qui se trouve en leur compagnie.

Selin aide Franz à se relever quand d’autres pas pressés arrivent dans son dos ; elle devrait ne pas s’en préoccuper et se laver les mains, mais lorsqu'elle croise l'un des visages et qu'il s'avère affreusement familier...

Elle croit rêver, tout simplement.

Ce doit être à cause du sommeil léger, de la chaleur et de l'utilisation de son don, car il ne peut en être autrement.
Émile Kim
Émile Kim

die Straßburger Regierung

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harbinger

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Sam 6 Aoû - 9:29

On lui dira que ç’aurait pu être pire : il aurait pu être appelé à rentrer travailler un dimanche. On lui dira aussi qu’il n’a jamais rien eu contre le fait de bosser de nuit et même que pendant tout son temps de patrouilleur, il a volontairement choisi les quarts de nuit afin d’accommoder son potentia ― et parce qu’ensuite, c’était encore plus facile de refuser de remplacer qui que ce soit, « je viens de bosser 12 heures, de nuit, tu crois que j’ai l’énergie de faire plus ? » mood.

Qu’importe ce qu’on peut bien lui dire : Émile n’est absolument pas ravi d’être réveillé en pleine nuit pour aller bosser, et avec seulement trois, quatre ?, petites heures de sommeil dans le corps, une humeur grognonne est tout ce qu’il a à offrir à son supérieur coincé au téléphone le temps qu'il lui fasse part de son avis sur la situation.

Sa voix basse raille dans le portable mis en mode haut-parleurs : « [...] vous comprenez que la situation est difficile pour Anatole [...] (Wolf soupire au bout du combiné, Émile saute littéralement dans ses jeans et ses baskets) [...] père célibataire, et si en plus je ne suis pas là pour l’aider, imaginez [...] (Wolf regrette ses choix, Émile se boutonne en jaloux et fout une veste en jeans par-dessus la chemise fleurie de la veille) [...] conciliation travail-famille est pourtant au coeur des discours donnés aux fonctionnaires de la ville [...] (Wolf essaie de raccrocher, Émile abandonne tout espoir face à ses cheveux) [...] j’arrive dans dix minutes chercher les papiers. » Pas à bientôt, surtout pas merci, et il espère que Wolf sera à la porte du commissariat avec les clefs de la voiture, les papiers, deux cafés et un débrief de la situation en moins de trente mots d’eux-mêmes moins de quatre syllabes (voire trois). Il va les mériter, ces heures payées temps double.

La suite est un peu floue. Il y a un appel à Anatole (pour lui dire qu’il vient le récupérer), le vélo jusqu’au travail, le débrief de Wolf (plus de trente mots), la route jusqu’à Anatole, Anatole qui a le cheveu encore plus rebelle que le sien et des cernes de compétition. Ils suivent l’ambulance jusque sur les lieux du crime lorsqu’une drôle de sensation s’invite dans sa poitrine.
Pas une mauvaise sensation.
Juste, drôle.

Les patrouilleurs dépêchés sur les lieux avant eux complètent le débrief de Wolf (aussi plus de trente mots), au moins aussi dépités qu’eux de les retrouver sur les lieux du crime à cette heure. Ou à toutes les heures. Émile hoche la tête, fait un mmmm cryptique. Il se prend les pieds dans un vélo laissé contre la vitrine. Un petit « potentia à la c… » se perd dans le grincement de métal et il rattrape son équilibre de justesse. Ses lunettes de vue glissent sur son nez, ses yeux chauffent, et il en est à se frotter les mirettes lorsqu’il termine de monter l’escalier jusqu’à l’appartement au-dessus de L’Échappée Belle. À remettre ses lunettes et à penser qu’en fait, il s’est endormi dans la voiture, ou il doit changer de prescription, mais vraiment, il voit… « Selin, il est surpris, mais il sourit enfin vraiment, et il tourne la tête vers Nat, avec plein de !!!!! dans les yeux et dans ses pensées, quelle belle surprise, il recommence avec définitivement plus d’amabilité que ce qu’il a réservé à Wolf, tu, vous… attendez, c’est vous, la… » On leur avait dit un homme dans la cinquant― ah, le voilà ! La victime, homme blanc dans la cinquantaine ! Franchement, ils sont sympas les gars en bas, le mec a l’air d’être au milieu de la soixantaine, vu son état peu glorieux.
Anonymous
Invité

Invité


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Dim 7 Aoû - 0:10

On t'a appelé trop tôt, pour une histoire obscure, qui aurait pu attendre quelques heures de plus que le monde soit décent, et... non, te voilà à déposer une Max ensommeillée chez tes parents qui poussent force soupirs tout en étant tout à fait ravis d'être, pour une fois, le contact d'urgence pour la gosse. T'es épuisé d'être épuisé lorsqu'Emile vient te chercher, l'air à peine plus opérationnel que toi. Tu piques un somme sur le trajet, absolument perdu quant aux informations concernant votre intervention. Tu as enfilé ton sweat à l'envers – personne ne l'a fait remarquer à haute voix –, tu as suffisamment d'épis pour créer un champ et tes baskets ont les lacets qui traînent pitoyablement. T'as à peine été debout – en réalité dès que vous avez été face à votre supérieur tu t'es assis sur un truc qui traînait et tu as été physiquement présent et c'est tout ce qu'on pouvait te demander. Une dizaine de SMS de tes parents plus tard, auxquels tu n'as quasi pas répondu avec l'excellente excuse du « j'ai un taf important, vous verrez plus tard », tu t'extirpes de la voiture de fonction en soupirant fortement et en suivant surtout le dos d’Émile en mode automatique.

Tu cilles péniblement lorsque la joie quasiment insupportable de ton collègue est dirigée vers toi et tu tournes un regard fatigué vers ce que ses pensées illuminent et soulignent. « Oui, oui, elle est ... » Tu bailles, baisse d'un ton – tu penses. « Aussi belle que tu le dis. » Un autre regard vers un retraité qui a l'air d'être tombé – franchement un fléau de senior, des personnes âgées qui tombent, ont de grosses plaies et on crie de suite au drame alors qu'il faudrait surtout adapter leur logement. « Bah... » Tu soupires à nouveau, il y a quelque chose d'hostile chez les deux victimes – laquelle est quoi, tu n'es pas tout à fait sûr et Émile est trop excité par la présence de son amoureuse pour être d'une réelle utilité. « Y s'passe quoi? » Tu marmonnes, te torche le nez avec ta main et soupire à nouveau, le regard partout sauf dans le regard d'un autre occupant de la pièce, tu vas te placer à proximité du grabataire. « Y a un dépôt de plainte? »
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