Arrivée : 13/07/2022 Messages : 42 faceclaim : Pierre Niney crédits : SaturdayProphet pour le vava, gif dans le profil et dans la signa by disastereyes
Les nuits, c'était souvent ce que tu redoutais le plus, alors, au bout de 4 heures de sommeil, t'étais déjà opérationnel. Tu fuyais le sommeil, puisque lui ne peuplait tes rêves que de mauvais souvenirs et autres karmas qui te revenais à la gueule de la part de ton subconscient. Putain de boomrang beaucoup trop efficace. Alors... Et comme toujours depuis un an, tu te réveillais sans avoir même l'impression d'avoir dormi assez, tu finissais avec un plaid sur les épaules, tel un super héro, cap'taine SansRepos qu'on aurait pu t'appeler. Puis généralement tu te dirigeais vers la cuisine pour te faire un café, bien fort. Assez pour te débarrasser de ce voile de sommeil qui te couvrait encore. Puis Capitaine SansRepos filait sous la douche, brûlante si possible, pour réchauffer le fond de sa petite âme gelée. T'avais toujours l'impression d'être si froid... Si détaché, un peu comme si toi aussi, t'étais déjà mort, dans l'fond. Puis tu descendais vers le Bar à chat avec Lumo sur les talons, ou parfois posté sur l'épaule pour commencer à préparer la journée, les nourrir, jouer avec, vérifier que tout le monde allait bien, RE passer un coup de balais et de serpillère, diffuser un parfum délicat, commencer à faire infuser les boissons froides. Il fallait une organisation de dingue. Cuisiner aussi... Mais c'était quelque chose que t'aimais sincèrement. Aujourd'hui, tout était comme d'habitude. A une exception près. Dans la matinée, alors que la p'tite porte s'ouvrait dans un grincement convivial, tu avais vu un revenant débarquer. Jeune homme pâlot et blond, qui venait souvent par chez toi. Tu lui offrais ton plus joli sourire.
"Oskar ! Ravi de vous revoir ! ça faisait longtemps que j'vous ai pas vu." Ton regard glisse sur lui. "Quoi de neuf ? " T'étais VAGUEMENT au fait de ses soucis de santés, en même temps... C'était quelque chose de relativement visible. T'osais pas demander, t'avais peur de paraître trop curieux, irrespectueux envers un client régulier qui avait l'air d'apprécier l'endroit, et de passer outre ton air vague, tête dans les nuages plus que sur terre. Cet air, une partie d'ta fratrie semblait en avoir hérité. "Vous voulez vous asseoir un peu vous semblez essoufflé." Que tu lances. Une expression inquiète sur le visage.
Trois livres pèsent dans sa besace, leur poid est celui d'une couverture fermée. Aujourd'hui, oskar ne travaille pas, il se lève tôt pourtant. Il se lève toujours tôt, le coeur déjà fatigué. Avec des gestes automatiques, le jeune homme se presse une orange. Les trois livres sont posés à plat sur la table. Il les a acheté avant. Avant que tout ne se détruise, avant qu'il ne manque mourir encore une fois, seul et pour rien, absolument rien. Ses actions n'ont aucune importance face au monde, son existence sera brève et anonyme, parfois le destin n'existe pas. Il s'en rend compte aujourd'hui tandis que verre à la main, il manipule les livres, relit les quatrièmes de couverture, se rappelle ce qui lui a plu, ce qui l'a attiré dedans. Alors pourquoi ne parvient-il pas à trouver l'envie de les ouvrir? Parce que c'était avant. Il pense au travail (quel travail?), au contact qu'il essaye de retrouver avec les autres, avec la vie. La vie continue sans lui, elle a même pris de l'avance.
Une bouffée aigre lui remonte l'estomac. Elle n'a pas un goût d'orange. Oskar essaye de finir son verre malgré tout, comme si le jus de fruit pouvait empêcher l'envie de pleurer. Il veut y croire, penser à autre chose. Dans un geste presque rgeur, il enfourne les livres dans son sac tous les trois et part.
Changer d'endroit peut il redonner la force de rêver?
Ses joues le brûlent alors qu'il arrive, pousse la porte. Son coeur tape contre ses côtes encore fragiles, il se sent pitoyable dans un sentiment si familier qu'Oskar ne le remarque même plus. Un instant, le jeune homme lève le bras devant lui comme si le monde soudain risquait de s'évanouir et disparaître. Leandre parle, l'accueille. Il ne l'a pas revu depuis un moment, c'est vrai.
Je suis presque mort, a-t-il envie de lui dire. Mais qu'est-ce que cela changerait? Au mieux cela créerait une gêne, au pire une compassion maladroite. Oskar ne sait pas ce qu'il attend des autres, mais pas cela.
”Ca va aller” rassure-t-il l'autre. Il s'assoit malgré tout, défait sa besace. Les livres restent à l'intérieur.
”Je veux bien un thé très léger et un gâteau, n'importe lequel s'il vous plait” demande Oskar comme un enfant trop poli récitant une phrase apprise par coeur pour ne pas succomber à la peur et au stress devant une grande personne.
Il est le seul client, pour le moment. Cette constatation le glace, comme un écho de quelque chose. Il frissonne un peu, détourne la tête. Se perd. Se perd toujours.
Sur le mur, les photos des chats déjà adoptés. Oskar les envie.
”Ca fait longtemps, oui” reprend-il. Sa voix ne tremble pas. ”J'ai dû attendre d'aller mieux pour revenir. Je voulais lire un peu ce matin mais c'est idiot, je n'y arrive pas. J'ai pensé qu'ici ça serait plus facile, comme avant. Les choses redeviennent jamais comme avant quoi qu'on fasse.”
(c) princessecapricieuse
Léandre Dietrich
sans allégeance
Arrivée : 13/07/2022 Messages : 42 faceclaim : Pierre Niney crédits : SaturdayProphet pour le vava, gif dans le profil et dans la signa by disastereyes
Oskar est du genre pâlot... Mais... Il l'est p't'être un peu plus que d'hab ? Enfin... Pâlot avec les joues rouge ? Il souffle fort, et tu crains un instant qu'il te canne dans les pattes, c'est l'inquiétude qui brille un moment dans le fond de tes prunelles. Tu sens qu'il veut te dire quelque chose, mais que ça sort pas, tant pis. Tu le laisses s’asseoir, hochant la tête à sa réponse, respectant le peu qu'il veuille dire de son état. Si le jeune homme estime que ça va aller, alors ça va aller. Il se connaît mieux que toi tu ne le connais et tu n’empiétera pas ainsi sur sa vie. Tu lui adresses un sourire chaleureux. "Le thé du moment est à la pêche des vignes et à la framboise, très fruité. J'apporte ça tout de suite." Tu associes ça d'une patte d'ours fourré au chocolat, façonné par ta soeur. Ta cadette a des doigts en or, et tu sais que sa cuisine peut soigner un peu les bleus à l'âme. Tu met l'eau à chauffer, place la viennoiserie dans une assiette en forme de tête de chat, avant de servir le thé dans une gosse tasse arrondie, que t'assortis d'une petite assiette. L'ensemble est dans une teinte de marron chaleureux, les bords de la tasse sont d'un délicieux doré, tu laisses le thé infuser quelques minutes, à l'aide d'un sablier, et tu poses le tout sur la table choisie par Oskar, avant de prendre le temps de t'asseoir en face, croisant les jambes.
"Vous savez... ça arrive à tout le monde d'avoir des passages à blanc où on se retrouve incapable de faire la plus petite chose qu'on faisait, à une époque sans efforts. En tout cas je suis content de vous revoir." A une époque t'étais tellement au fond du gouffre que tu pouvais à peine sortir de ton lit, et encore moins faire des choses aussi simple que te laver.
ça servait à rien d'enfoncer les gens quand ils ne pouvaient faire ces choses. Si c'était trop dur... ça reviendra. "Soyez pas trop dur avec vous même. Vous avez ramené des trucs qui vous plaisent ?" Tu lui fais un sourire. "Profitez un peu des chats un temps. Un peu de ronronthérapie ça aide vous savez ? Puis... Si vous avez besoin d'causer, moi j'suis là, c'est calme en général à cette période de la journée." En parlant de chat, un petit éclair blanc bondit de son perchoir pour atterrir sur une des surfaces juste au dessus de la table, avant de se vautrer sur cette dernière dans une position lascive. Un chat quoi. Lumo la p'tite boule de poil vous regardait en clignant des yeux. Le miaulement qu'il sort est fort, en même temps... Ce chat ne s'entend pas miauler, pas plus qu'il entend les autres lui répondre. Ta main glisse sur son pelage pâle.
Il lève les yeux une fois assit pour regarder Léandre. Oskar ne sait pas comment expliquer que rien n'a jamais été sans effort avec lui, d'un autre côté cela en vaut-il seulement la peine? Ses épreuves ne sont pas des choses à vomir sur autrui, alors le jeune femme baisse les yeux jusqu'à la tasse de thé qui fume un peu. Il reste dans son silence, celui dont il a l'habitude. Autour d'eux, des chats. Un instant, Oskar se demande ce qu'il fout là. Seul. Il n'a pas vraiment quelqu'un avec qui se rendre ici en vérité mais être là semble tout à coup vulgaire, obscène. Un homme jeune à une table, devant lui une pâtisserie qu'il n'arrivera pas à manger en entier et une boisson chaude. Des livres dans son sac qu'il ne sait plus lire.
Tout prend un parfum d'absurde. Il appuie le visage contre son poing d'un air songeur mais ne sait pas vraiment à quoi réfléchir pour le moment. Ses yeux se perdent ailleurs, un chat s'approche de Léandre. Il prend la petite cuillère donnée avec l'assiette. Leandre le connait un peu, sait sans doutes qu'Oskar n'irait jamais jusqu'à croquer dans sa pâtisserie. Le feuilletage se craquelle, se fendille. Il porte la première bouchée à sa bouche, aucune miette ne semble tomber. Les gestes d'Oskar sont gracieux, comme surannés. Un jeune gentleman dans un drame à costume profitant d'un petit tea time. Il mâche, il mange. Son regard change un peu, le sucre donne un coup de boost, le chocolat est bon. Son estomac gargouille, Oskar avait oublié avoir faim. Il pose la cuillère, prend la tasse de thé. Y verse un peu de lait ainsi qu'il l'aime. Là encore, cela est bon. Un chat le regarde, les yeux mi clos. Oskar se rappelle ce livre où dans une maison de retraite, le chat s'approche des mourants le temps qu'ils partent. Passent de l'autre côté. Cela arrive en vrai, il le sait. Rien de surnaturel, simplement la chaleur dégagée par un corps livrant sa dernière bataille qui attire l'animal. Aucun chat ne s'approche de lui, pour le moment. Il n'ose pas dire à Léandre qu'il ne vient pas ici pour les ronrons mais pour voir ça : aucun chat qui ne vient près de lui.
”C'est bon” commente-t-il juste en se tapotant la bouche avec une serviette. ”Pardonnez-moi, je ne sais jamais vraiment comment faire pour parler. Ce n'est pas que je n'ai pas envie, juste que...” il hausse les épaules, recoupe un bout de pâtisserie avec la cuillère.
”Merci. D'être content de me revoir. Je prendrai bien un second gâteau pour la peine, vous mangez quelque chose avec moi?”
(c) princessecapricieuse
Léandre Dietrich
sans allégeance
Arrivée : 13/07/2022 Messages : 42 faceclaim : Pierre Niney crédits : SaturdayProphet pour le vava, gif dans le profil et dans la signa by disastereyes
Vos regards se croisent, et tu vois que ton vis à vis a du mal à formuler ce qui lui passe par la caboche. Pas si compliqué à imaginer, après tout, tu n'étais que le proprio du bar à chat du coin. Mais peut importe, qu'il parle ou pas, tu seras là en cas de besoin. T'as tellement vécu pour ta pomme dans le passé, que depuis un an, et la sortie d'ta dépression, tu te redécouvre empathique, pleins de sentiments -car tu utilisais beaucoup moins souvent tes dons-
Tu restes pas loin, la main perdue sur l'échine de l'animal couleur givre. Le chat blanc se met à ronronner comme un moteur. Tu croyais réellement à toutes ces histoires de ronronthérapie, et de fréquences des ronronnements qui provoquaient un sentiment de mieux être, tu t'étais dopé à ça pendant des mois après ton escroquerie bien montée. T'en avais encore des sueurs froides en repensant à ces p'tites vieilles que t'avais entourloupé. "Venez que j'vous parle de vos proches disparus". Il n'avait pas fallu longtemps pour les convaincre que tu étais un sauveur envoyé par on ne sait quelle entité, tu n'avais jamais dit que tu n'entendais rien de ce qu'ils disaient, pour certains, tu les avais même pas vus, que tu brodais parce que tu ne savais pas lire sur les lèvres, tu n'avais jamais parlé de ces spectres, ces silhouettes fantomatiques aux airs contrariés, outrés, scandalisés, de ces regards morts emplis de feu sur toi. T'avais jamais rien dit, et tu en parlerai jamais. Tu le sais. Ta famille n'avait jamais eu le fin mot de l'histoire. Tu hausses les épaules avec une certaine nonchalance bienveillante qui te caractérise.
"Vous en faites pas ! J'comprends ça, ça arrive !" Et avec un sourire tu hoches la tête, partant te préparer un café bien corsé pour affronter la journée malgré tes valises sous les yeux, et s't'impression de sommeil qui te colles à la peau. Le brouillard dans lequel t'étais se disperserait jamais. Tu le savais. Tu dormais pas, pas assez. Et parfois... Parfois... T'avais peur de finir par "trop" t'endormir, par te défaire de tes défenses. Tu te poses avec ton café, ton croissant, et un deuxième, pour Oskar.
"C'est normal, on papote de temps en temps vous et moi, et c'est agréable. J'suis la plupart du temps à côté de mes chaussures. Mais... Ouais... J'commençais à me dire que ça faisait un p'tit moment que j'vous avais pas vu." Tu prends ta tasse, la portant à tes lèvres. Ton regard se perd surtout pas de l'autre côté de la vitrine, qui sait ce que tu croiserais. Des silhouettes spectrales qui boufferaient ton empathie, tes émotions, et là tout de suite, à cet instant... T'en as pas besoin, d'ces foutus aspirateurs à bonne humeur. Tu poses ta tasse, et tu penches la tête, un demi sourire sur la bouille. "Vous me les montrez vos livres ? J'suis curieux."
”Hopital” répond Oskar dans un murmure pour expliquer l'absence. Ce n'est pas réellement nécessaire, il le sait, mais l'homme s'éouffe bien trop de silences et de non-dits. Il boit une gorgée de thé, mange une deuxième fourchette de gateau. Un peu plus facilement cette fois ci, sa gorge ne s'irrite pas du moins pas autant
”Vous dormez pas beaucoup, pas vrai?” Il peut comprendre. A chacun sa part de ténèbres... Les chats tout autour les observent, autant de regards immobiles tournés vers eux. Un tribunal bien étrange en vérité...
Puis, Oskar acquiesce, se saisit de sa besace en toile. Il sort les trois livres : un recueil de pensées de Marc Aurèle, un roman policier et enfin un Garcia Marquez qu'il n'avait jamais trouvé le temps de lire jusqu'alors. Trois livres, trois bons livres chacun à leur manière et en même temps trois livres froids, distants, intelligents bien sûr mais désespérement glacés. Oskar sait qu'il n'en tournera pas les pages le coeur battant ou du moins avec l'impression que sa poitrine s'emballait. Il ne s'y noiera pas d'émotions, peut-être cela est-il mieux. Parfois, il choisit ses livres ainsi : bons mais incapables de lui faire éprouver la moindre chose. Lorsqu'il lit, Oskar est seul. Il a peur de tomber, de faire un malaise dont il ne pourrait se relever sans aide. Il a peur de cela, de tout ce que son coeur bat et éprouve.
Aujourd'hui pourtant, il sait avoir envie de plus. Une librairie existe deux rues plus loin, peut-être ira-t-il. Au fond, Oskar ne sait pas encore, tout semble comme un tournis étrange à ses yeux. Il reporte son attention sur Leandre, son calme. Lui-même, quelle image renvoit-il? Il n'en sait rien, soupire. Boit du thé à nouveau. Y rajoute du sucre. Y rajoute du goût. Parfois, oskar a aussi peur des choses avec du goût. Elles énervent, elle aussi.
”Si l'un d'eux vous intéresse, prenez le.”
Il sourit un peu, pudique. ”Enfin... vous lisez? Moi oui. Je ne peux pas lire tout ce que je veux comme je le veux et cette semaine, je crois que ce n'est pas une semaine à avoir ce que je veux. Trop faible encore. Peut-être que dans un mois ça ira mieux, j'aurai repris des forces assez pour lire des choses qui font peur ou qui émeuvent. Ces livres ci ne sont pas mauvais au contraire mais génériques. Seulement, les émotions c'est dangereux...”
Et puis il rit, comme s'aperçevant de sa propre stupidité. ”Mais écoutez moi, voilà que je parle trop comme ça, sans prévenir. Pardon, je vais me taire un peu et manger plus.C es gâteaux sont bons...”
(c) princessecapricieuse
Léandre Dietrich
sans allégeance
Arrivée : 13/07/2022 Messages : 42 faceclaim : Pierre Niney crédits : SaturdayProphet pour le vava, gif dans le profil et dans la signa by disastereyes
Et l'homme te donne finalement le fin mot de l'histoire, tu penches un peu la tête, avant que ton regard ne se perde un instant dans l'vague, si y'avait un endroit que t'évitais c'était bien l'hôpital. Trop de silhouettes errantes, prêtes à te harponner, trop de reliquat de vie que tu pouvais traîner chez toi.
"Merci de votre confiance, pour partager cela avec moi. J'espère que ça va mieux, sincèrement, et que ça n'a pas été trop difficile." La maladie... Tu ne la pressentais pas, tu n'étais pas comme certains chats ou chiens, avec un flair supérieur au votre. Non... Toi t'avais juste un champ du spectre visuel en plus qui te permettais de voir ce que d'autres ne voyaient pas, les p'tits veinards. Un rictus sans joie vient déformer ton visage, et tu hoches la tête, sur le coup, tu sais pas s'qui l'a mis sur la voie, pour le sommeil, p't'être les cafés forts que tu t'envoie presque en intraveineuse, ou alors les grosses valises que t'as sous les yeux. "Oui. La nuit est plus propice aux cauchemars que le jour."
Tu te penches un peu, pour mieux voir les livres. Détaillant chaque couverture avec un petit sourire, ils étaient neufs, sentaient encore le papier et... Ce que t'aimais cette odeur. T'avais s't'espèce de relation entre amour et haine avec les livres. Gamin c'était la croix et la bannière pour te faire lire quelque chose. Maintenant... Maintenant tu t'étais découvert un amour de la lecture. Certes certains livres sur la psychologie que tu avais dû lire étaient ronflant, assommant, mais... T'avais fais d'autres découvertes, et tu lisais régulièrement. Tu avais un amour secret pour les policiers, en film, en série ou en livre, et tu les bouffais le soir avant de dormir. Peut être pas si incroyable, que t'ais des insomnies du coup. Et tu tournes doucement le policier pour en lire le dos. "Parfois... J'hésite à faire une bibliothèque libre service ici. Les gens choisissent, lisent en buvant leur boisson, et peuvent remettre ce qu'ils veulent par la suite. Partir avec, déposer les livres qu'ils ont aimés. Perso... J'laisse souvent des livres dans les trains que je prend. Quand je les finis. J'en ai trouvé une fois. J'ai vraiment trouvé que c'était un beau partage. Et... Si... En échange de ce livre, j'vous en filait un des miens ? Bon... Sans truc trop dur ou larmoyant, promis, j'm'en voudrais de vous rendre mal, v'voyez ? Mais... Si vous avez envie de nouveauté, j'ai peut être ce qu'il vous faut !"
Et ton regard brille d'amusement quand il reprend, et tu hausses les épaules, d'une douceur et d'un calme qui t'avais toujours caractérisé. "Vous excusez pas Oskar, parfois... En parler ça fait décharger, et c'est bénéfique, vous prenez pas la tête avec moi, parler avec vous, ça m'dérange pas. Les gâteaux sont excellents. C'est ma soeur qui les prépare, et on me les livre, elle a des p'tits doigts de fées. Si vous voyiez les manneles qu'elle fait en hiver. Par contre lui dites pas que j'lui fais des compliments, elle risquerait de prendre la grosse tête." Et tu souris, tu t'souviens les brioches en forme de bons hommes qu'elle faisait l'hiver, et les décorations que vous y apposiez. C'était de bons souvenirs pour toi. Des épisodes qui avaient bercés ta jeunesse. Aujourd'hui, vous étiez dans la même ville, tous, mais... Vous vous voyiez tellement peu, en comparaison. Parfois t'as l'impression d'être seul, alors que tu l'es pas. Parfois passent les semaines sans que tu les vois. Et parfois... Parfois ça te manque.
Une vague de fatigue le frappe, ces coups là Oskar a l'habitude de les recevoir. Il garde conscience du café, des chats et de l'homme non loin, il garde conscience des livres mais son coeur refoule une bile amère, terrible. Tout est gris. Le monde n'a pas changé, le monde ne change jamais. Tout est gris, et l'épuisement d'oskar est solitaire. Il sourit par réflexe, par mécanisme, ses yeux sont toujours aussi bleus mais lui n'en voit pas la couleur. Notre regard n'est rien d'autre qu'un étranger pour nous après tout.
Il ne répond pas à ce que dit l'autre, il ne répond pas que cela n'ira jamais mieux et que oui, cela est toujours difficile. Il ne répond pas parce qu'au fond cela est comme une langue étrangère. Oskar est né malade, différent, son parcours d'obstacle et d'embuche n'a jamais été autre chose que cela. Il s'est modelé ainsi, incapable d'être quelqu'un d'autre ou d'imaginer une vie qui n'est pas la sienne. Imaginer un coeur incapable de s'emballer comme ça, sans raison, imaginer des joues roses non pas de maladie mais bien de vie. Il voit cela sur les autres, mais Oskar ne sait ce que cela serait sur lui. C'est comme observer un film au fond, il comprend les concepts et les notions mais de la même manière qu'un cinéphile aussi averti soit-il ne pourra être Rhett Butler, qu'il connaisse ou non ses répliques par coeur depuis le bout des lèvres jusqu'à la pointe des orteils (“Frankly my dear I don't give a damn”, lui même ne sera jamais qu'Oskar.
Des livres, une bibliothèque, le rêve de Leandre. Oskar est territorial, il préfère avoir ses propres livres alors il écoute juste, hoche la tête. Se demande si tout tourne autour de lui, s'il imagine simplement un instant de faiblesse ou non. Cela arrive parfois, une appréhension inconsciente qui déclenche une crise comme pour se débarrasser de tout ça. Ne pas attendre le pire, au contraire le faire venir.
”Un des vôtres?” S'il le lit, Oskar sait qu'il devra porter des gants. Eviter de déclencher son potentia, surtout lorsque le jeune homme est faible comme cela. Néanmoins, le jeune homme acquiesce. ”Pourquoi pas, je vous laisse choisir. Ne m'en voulez simplement pas si je meurs avant de vous le rendre ou pire, de le commencer”
Il hausse les épaules tout en parlant. Non, la terre ne tourne pas, son esprit se faisait simplement des illusions.
”C'est vrai que vous avez une grande famille. Prévenez aussi Anatole que non, je ne vous l'ai pas volé. On ne sait jamais...”
Le sucre lui fait du bien. Il mange plus qu'il n'a jamais mangé depuis quelques jours. Cela doit être bien, quelqu'un qui vous fait des gâteaux ainsi... Oskar est obligé de s'arrêter un instant, d'arrêter de boire, d'arrêter de grignoter. Ce n'est rien. Essouflé. Oskar est juste essoufflé. Les joues roses mais pas de bonne santé.
(c) princessecapricieuse
Léandre Dietrich
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Arrivée : 13/07/2022 Messages : 42 faceclaim : Pierre Niney crédits : SaturdayProphet pour le vava, gif dans le profil et dans la signa by disastereyes
Il est pâle, l'homme que t'as en face de toi, il refoule, dans ton esprit, les hôpitaux, la maladie, mais en même temps, tu peux pas nier qu'il y a une force dans le fond de son regard, une ténacité qui le rend fort, à tes yeux. Toi qui chiale quand tu t'cognes le doigt de pied contre un meuble, toi qui fait ta drama dès que t'as 38 de température. Et t'as l'air bien faiblard, à côté de lui. Mais qu'importe. Tu sirotes ton café, coupant, de tes doigts, le croissant qu'a fait ta soeur en petits morceaux pour mieux les manger. Tu manges peu, faut dire que t'es souvent seul et que bouffer tout seul, face à face avec ton propre dégoût de toi même, ça couperait l'appétit à n'importe qui. Il est digne, l'homme qui partage un gâteau, une boisson chaude, avec toi. Il est digne là où toi, t'es pas l'plus clean des mecs. T'as eu des esprits qui t'ont suivi de leur regard désapprobateur pendant des mois. T'as d'l'argent sale plein ton compte en banque. T'as ça sur la conscience et tu vivras avec ça jusqu'à la mort. Alors, tu gardes ton sourire doux, ce sourire que t'as toujours eu, et qui a toujours su plaire, sourire de celui qui s'inquiète, sourire sincère qui cache quel grand angoissé tu es. Tu penches la tête, une expression douce sur le visage. Avant de hocher la tête. "Attendez, ne bougez pas, je reviens tout de suite, j'ai un roman pour vous. J'ignore si... Il entrera dans ce que vous lisez habituellement. Et... Prenez votre temps."
Et tu montes dans tes quartiers, te penchant sur une petite bibliothèque en bois. Si il y a encore les livres que tu lisais durant la fac, il y a aussi tout un tas de romans en tout genre. Une partie sur l'imaginaire, sur la mythologie, tu caresses un moment la tranche du Chant d'Achille, ce livre compte beaucoup pour toi, avant de passer à la suite, fouillant et re fouillant pour dénicher finalement "Toxoplasma". Le livre maintes et maintes fois relu, en témoigne son dos pété, et ses pages légèrement jaunies. Pourtant t'essayais de prendre soin de tes possessions. Mais bon... Un livre... C'est fait pour être lu, après tout. Tu cales ton précieux ouvrage sous le bras, pour redescendre, déposant l'acquisition sous les yeux de Oskar.
"Et voilà. Un livre pour m'sieur ! Et... S'il vous plaît, ne vous mettez pas la pression pour le lire d'acc ?" Tu te remet face à lui, sirotant ton café, à nouveau. Avant de murmurer. Plus pour toi même que pour lui. "J'espère quand même... Que ça n'vous achèvera pas. J'm'en voudrais et ça m'ferais de la peine !" Et t'espérais, sans le dire, ne jamais avoir à voir quelqu'un que tu connaissais en fantôme. Jamais. Ton coeur se serrait à cette pensée, tu repensais à ton ami, qu't'avais perdu dans un accident de voiture. Parfois... Ils étaient pareils à ce qu'ils étaient juste avant leur mort, et parfois... Oh tu ne souhaitais pas y penser. Un demi sourire fait pétiller ton regard.
"Anatole sera au courant que je vous l'ai prêté à l'instant même où vous aurez osé le formuler en pensée. La vie avec Nat, c'est une vie sans secrets. On apprend à faire avec j'vous jure !" Et t'as s'te politesse de faire comme si il était pas essoufflé, t'as s'te politesse de pas tout arrêter pour lui demander toutes les cinq minutes si il allait bien. T'imaginais que le gaillard connaissait assez son corps pour te faire signe en cas de besoin non ? Ses lèvres légèrement bleuies semblaient faire ressortir un petit peu plus ses yeux, d'un bleu céruléen, d'un bleu perçant.