twice in two weeks?!

(@Calix Olicard ) Alice n’a jamais été la personne la plus assidue lors des réunions de La Promesse. Honnêtement, si elle devait compter, elle a dû assister depuis le début de l'année à même pas une dizaine de réunions alors qu’il y en a toutes les semaines. On pourrait dire que eh pas grave ça en fait une par mois, mais ça dépend aussi de l’humeur. Là, c’est la deuxième réunion de suite à laquelle elle se décide à aller. Il y a la fin d’une saison qui lui rappelle ce besoin de se raccrocher à quelque chose, et un certain manque affectif à combler depuis que Liesel… S’éloigne, un peu ? Elle préfère ne pas y penser. L'Italie lui manque, aussi.

C’est son emploi du temps qu’elle doit réorganiser, à chaque fois, c’est un truc qu’elle oublie, tout le temps. Elle s’est plantée d’adresse la semaine dernière et est arrivée en retard et aujourd’hui c’est en chemin qu’elle se rend compte qu’elle n’a (encore) aucun symbole à porter pour la réunion. Elle trouve l’impératif ridicule, les gens savent pour quoi ils viennent, et possède au moins trois collier avec un pendentif du symbole de La Promesse chez elle — elle suppose que ça lui en fera un quatrième.

L’Elémentaire a un peu la vague à l’âme lorsqu’elle rejoint le petit théâtre de Kruteneau où se déroule la réunion, l’impression d’être mal réveillée en encore dans un rêve (elle se demande, un instant, si elle ne rêve pas d’ailleurs ; fixe un homme qui lui tourne le dos pour le faire venir vers elle mais rien ne se passe et elle suppose qu’elle ne dort pas). Voir tant de monde, à papoter et à sourire, lui fait du bien autant que cela la met mal à l’aise. Elle aime la communauté. Elle se sent mal de ne pas vraiment y adhérer, à mille pourcents, de ne pas y être intégrer, et en même temps si elle venait un peu plus souvent…

Elle observe l’assemblée, rapidement, remarque quelques Klausmann qu’elle préfère éviter (pour éviter qu’on ne veuille la convaincre, et parce qu’elle préfère largement être anonyme) et se dirige plutôt vers la petite table où on sert le café — et prête quelques bibelots du symbole à ceux qui n’en ont pas. Elle se convainc qu’au moins, elle n’est pas la seule tête en l’air. C’est peu crédible que c’est le même homme qui lui a sauvé la mise, y’a pas une semaine. « Bonjour, j’ai… » Elle souffle un peu. « Encore oublié de prendre… » Même terminer ses phrases lui semble pénible. « Je vous jure que je ne les revends pas. » Parce que ça devrait être la seule raison, qu’elle récupère un petit symbole en fer forgé toutes les semaines ?

Alice se retourne dans un geste relativement lent lorsqu’une voix d’homme semble s’adresser à elle — le visage est familier, croisé à plusieurs reprises dans ce même genre de contexte, et à défaut de sourire en retour à Calix elle presse au moins ses lèvres l’une contre l’autre et appuie son geste d’un hochement de tête. Elle est un peu surprise, qu’il ne cherche pas à seulement la chambrer mais lui tende carrément l’un de ses bracelets. Elle est trop polie pour refuser, et n’a pas envie de faire une véritable scène, non plus. Elle attrape le bijou et l’agite un peu en l’air, entonne un « Merci… » assez clair pour qu’il l’entende. Elle n’est pas particulièrement impressionnée, par lui, elle n’a pas l’habitude d’être intimidée — l’avantage de pouvoir décider de ce qu’il se passe, dans ses rêves, c’est qu’elle peut transformer l’inconfort de la réalité pour mieux la vivre.

La brune ne s’attend pas particulièrement à ce qu’il lui fasse la conversation, non plus, mais elle suppose qu’il ne lui est pas venu en aide sans rien attendre derrière. Elle regarde elle aussi les vieilles à côté du buffet — dommage, elle a peut-être un peu faim et en même temps ce qui sert ici de petits fours mérite critique. « Il te faut une distraction, peut-être ? » Une tactique bien utilisée chez les Dietrich: on sépare les adelphes pour coopérer tous ensemble dans un but commun. Calix lui sauve la mise cette fois, elle peut bien faire un geste sympathique pour qu’il aille se remplir la panse s’il le souhaite.

Elle plisse légèrement les yeux, regarde devant elle quand on lui parle de politique. Le léger sourire qui la prend n’a rien de joyeux. « Avec vos réunions aussi régulières et, » elle agite son poignet, autour duquel elle a passé le bracelet prêté. « On s’croirait plus dans une secte, qu’autre chose. » Elle dit ça dans un ton on ne peut plus sarcastique — on pourrait croire qu’elle n’est pas contente d’être ici, qu’elle critique, mais ce n’est pas le cas. Elle partage assez des idéaux et valeurs pour voir l’utilité, de La Promesse, on l’a assez convaincue en Italie pour qu’elle cherche à nouveau ce sens de communauté par ici aussi. Elle n’aime tout de même pas penser au fait que La Promesse est effectivement très liée au parti politique.

Elle n’aime pas, la politique.

« Tu veux quelque chose, à manger ? » Elle ne le remerciera pas à nouveau, mais elle est prête à s’approcher des mégères pour lui rapporter quelque chose s’il en a besoin.

Alice ne marmonne qu’un « Mmh. » à peine convaincue à la question, peut-être rhétorique — c’est lui qui l’a dit, que les Klausmann sont des gourous, qu’on ne lui prête pas à elle de vilains mots pour la virer de la secte plus tard. Elle recherche l’esprit de communauté, elle aime aussi avoir son libre-arbitre et sa liberté d’adhésion… Et qu’elle ne soit personne, et qu’elle ne cherche à être personne non plus.

Elle change un peu de sujet, avant de ne dire quelque chose de regrettable et de véritablement se faire montrer la porte. Elle cherche du regard un certain gâteau au chocolat, plisse les yeux qu’il n’a pas l’air si super que ça — déformation professionnelle et esprit critique, dira-t-on. Elle regarde Calix qu’elle trouve étonnant qu’il songe à s’en aller. Il doit y avoir des raisons, derrière ça, qu’elle ignore bien sûr… Mais elle ne demandera pas.

Il fait signe aux femmes qui tiennent la table aux gâteaux en hold up. C’est suffisant pour la faire sourire.

Elle prend une grande inspiration au plan de bataille qu’il met en place. Il y a une étincelle malicieuse dans son regard, alors qu’il semble vouloir conquérir le monde — il ne sait pas, qu’elle est déjà capable de le faire, fictivement certes, et que personne ne se l’imagine… Elle pourrait lui raconter, s’il souhaite une distraction pendant sa dégustation de gâteau pas-assez-bien pour la boulangère. « On verra pour la domination suprême, pour le reste… à dans cinq minutes. » Une tape rapide, et amicale, sur le coude et Alice s’échappe par la droite. Elle n’a pas exactement de plan de bataille, elle trouvera bien quelque chose pour retenir l’attention cinq minutes des mégères ; ne suffit-il pas de leurs parler des Klausmann et le tour est joué … ?

”Vous discutiez avec Calix ?
- Il a l’air fatigué, non… ?”

Ah !

C’est seulement parce que c’est une femme en mission qu’elle se retient de rire. Elle n’a pas exactement le temps de dire quoi que ce soit que les vieilles supposent ; Alice prend une inspiration quand elle sent qu’on cherche l’homme du regard, maintenant qu’il a dû bouger. Elle barbote quelques politesses, se présente pour celles qui ne la connaissent pas, dit qu’elle aimerait apporter quelques douceurs pour les prochaines réunions mais qu’elle n’ose pas… ne veut froisser personne si certains sont déjà tout désignés pour cette mission… Ah comment ça vous ne connaissez pas la boulangerie Ackermann ? Oui oui, celle-là même d’où vient le Jäger (son cœur se pince un peu, qu’il fait vite le lien Eden-Liesel et se rappelle…), et on lui promet de la visiter au travail pour découvrir ses pâtisseries, et que bien sûr ! qu’elle peut en apporter la prochaine fois !

Alice a tout de même un léger sourire sur les lèvres, plutôt heureux, quand elle voit Calix lui faire signe à l’autre bout de la pièce.

Elle a connu pire sacrifice. Elle espère qu’il a rempli sa part du marché, lorsqu’elle se dépêche d’aller le rejoindre.

Alice a l’habitude des mots grossiers, même si elle fait attention à ne pas trop en utiliser depuis qu’elle est adulte et depuis qu’elle a des enfants dans son entourage. Ce n’est donc pas ça qui la surprend, lorsqu’elle entend Calix pester — plutôt qu’il parle seul en s’adressant à quelqu’un, pas à elle. Elle a quelques hypothèses concernant le potentia de l’homme, mais n’est sûre de rien. Elle ne relève donc pas, garde ce calme lunaire des Dietrich et va plutôt s’asseoir sur le bureau. Il y a un mince rictus quand on lui tend l’assiette pleine de biscuits, elle ne se fait pas prier pour se servir.

(Un peu sec…)

Elle bat des paupières en observant l’homme à sa question. Est-elle bien placée pour y répondre ? Attend-il vraiment une réponse, qu’il enchaîne déjà … ? Son coeur se serre un peu à ce qu’il lui raconte, ‘même leur sourire est un mensonge’, que les souvenirs de sa rupture sont beaucoup trop récents et qu’elle aussi… Elle se racle la gorge, termine d’avaler sa bouchée avant de daigner répondre. « J’pense qu’on est tous un peu dingue, non ? » Elle lève les sourcils dans un air entendu lorsqu’il lui montre le signe de l’esprit. Elle n’a jamais voulu se poser la question, de savoir quel était le pire des éléments — elle n’a jamais vraiment eu le choix. « Toute ma famille est liée à l’esprit. » Ses parents, ses frères et sœurs… Ce n’est pas tant l’élément en lui-même le problème, pour elle. « Je suis arrivée à un stade de paix avec mon potentia. » Après de longues années, et beaucoup de disputes, et pas mal de mauvaises utilisations de cette magie… Certes. Et elle n’envie pas Léandre et son lien aux morts, et elle n’envie pas Nat et ce savoir omniscient et intrusif du monde qui l’entoure. Elle n’est pas si mal lotie, que son potentia ne concerne qu’elle. « C’est quoi ton truc, exactement ? » Question curieuse qu’on lui a appris à ne pas poser — elle le fait quand même. Il n’est pas obligé de répondre.