Baptiste a perdu Antoine depuis longtemps (quelque part entre le discours de son frère sur la petite scène bricolée et les personnes qui l’ont accaparé ensuite), Baptiste n’est pas le plus actif ou celui qu’on entend le plus mais il calme un tempérament belliqueux ici ou offre un sourire plein de compassion à une larme là. Baptiste somnole un peu, enfoncé sur un fauteuil de bureau depuis boarf au moins une heure (il a joué à “qui va à la chasse” pour l’avoir, il sait qu’il est le prochain…) et c’est une odeur particulièrement forte de café qui lui fait relever le museau. Il n’a pas beaucoup dormi la nuit précédente, et si d’un côté il pense qu’on ne l’embêterait pas de piquer un somme en plein milieu de la foule…

Après une grande inspiration, et une double claque sur ses cuisses pour se donner un peu plus de courage, il se décide à se lever. Il n’est pas surpris de voir @Cassandre Hoffman, croisé ici au détour d’une rencontre entre professionnels et là-même au Centre Communautaire ; il lui offre un sourire, un « Bonjour collègue, », attrape un gobelet en plastique qu'il lève un peu en l'air pour remercier et se sert avant de continuer un semblant de small talk, « Tu vas bien ? » Il a à dire, de tout ce qu’il se passe, de tout ce qu’il se dit — mais Baptiste a l’habitude d’observer, de n’être qu’un agitateur d’intelligence collective, de ne poser un constat et une opinion que lorsqu’il a pu le réfléchir… Alors, pour le moment, il s’abstient. Cela le concerne sans vraiment le concerner. Il préfère laisser la rancœur de sa disparition à Antoine.

Baptiste acquiesce en souriant ; il ne sait pas si lui est surpris ou étonné de voir autant de monde aujourd’hui, là où il a eu l’impression de voir énormément de personnes à son retour et a pu être un peu submergé. L’Echo lie des Disparus, des proches des Disparus, mais pas seulement : il suffit d’un pour dire ouvertement tout haut ce que tout le monde pense tout bas… Il espère sincèrement que les oreilles sont toutes bienveillantes, aujourd’hui.

« Je ne sais pas si quelqu’un est capable de suivre toutes ces conversations, même ceux qui essaient. » Il en a observé, fureter de groupe en groupe pour essayer de savoir tout ce qui se dit… Souvent des gens avec le même argument, répété en boucle. D’autres sont moins dispersés, vont là où le vent les mène, une tête connue de croisée et ça suit son cours. Les plus timides, ou moins sociables, restent avec le même groupe – des gens connus, sans doute.

Le Transformé a un regard un peu triste dépité déçu, quand on lui propose de s’installer ailleurs ; mais un coup d’oeil de là d’où il vient et il voit que sa précieuse chaise de bureau a déjà trouvé d’autres fesses à accueillir. Tant pis. C’est la vie. Il acquiesce donc, souriant un peu avec son habituel air taquin, et suit @Cassandre Hoffman à travers le peu de foule. Il persiste, malgré le monde, quelques chaises vides ! Ils s’y installent, Baptiste s’y affale à moitié et porte son gobelet en carton sous son nez. Le café est trop chaud pour qu’il s’y risque de suite, il compte sur l'odeur pour le tenir debout. « Tu as reconnu beaucoup de monde, aujourd’hui ? »