août 22boss...

Le carnet est en équilibre sur un genou, Selin griffonne aussi vite que possible ce qu’elle se souvient de sa conversation téléphonique avec Ahmed avant que tout ne lui échappe ; le flip flop du tram ne l’aide pas à former de jolies lettres, le français se mélange au turc, le regard de certains lui brûle la nuque mais ça fait bien des années qu’elle a appris à l’ignorer. Les arrêts s’enchaînent mais un nom revient, elle se retient tout de même de le souligner de deux traits. A l’avenir, lorsqu’elle relira son écrit, elle ose espérer que l’information n’aura pas été capitale pour son futur…

L’appréhension est un peu trop grande et le cœur lui est lourd lorsqu’elle quitte le transport et termine de parcourir les quelques rues jusqu’à l’Échappée Belle. La matinée a été passé à l’Académie, Selin a faim mais ne prend pas la peine de faire le détour initial pour s’acheter un sandwich pour le midi. Lakshan et son ventilateur sont salués, les stores sont un peu baissés pour le temps de pause, les pas de la brune la conduisent directement jusqu’au bureau du patron.

Elle doit sentir, un peu ; elle est plus frustrée que véritablement apeurée, inquiète que terrifiée…

Même si, dans le fond, il y a toujours de ça.

« Franz, » Elle commence, fronce les sourcils, secoue juste un peu la tête, « Bonjour – » L’essentiel de la politesse fait, elle ferme la porte derrière elle. Juste le temps de prendre une inspiration, pour ensuite tout sortir ; « Je discutais avec Ahmed tout à l’heure pour savoir comment il allait depuis, enfin, son aptitude a un peu évolué mais il a encore du mal à, enfin, bref, je discutais avec Ahmed et il m’a gentiment fait part que certaines personnes se posent et lui posent beaucoup de questions et il n’a rien dit sur nous car il est heureux de la tournure des choses mais il faut peut-être que tu appelles ton ex beau-frère. » C’est aussi clair que du pétrole en plein océan. « Klaus. Klaus Richter s’interroge sur les Salvateurs et commence peut-être à être sur notre piste. »